25 novembre 2011

Admis-cibles

Un bref billet, même pas coup de gueule, mais simplement stupéfait, engendré par la lecture du billet du jour d'Olympe. Je risque de revenir souvent en ces pages sur le contenu de son blog, tant celui-ci aligne, "avec intelligence", les conneries les plus navrantes et les dénonciations les plus stupides quant au statut des/de la femme(s) dans notre/nos société(s) contemporaine(s). Pour être tout à fait juste, on y croise aussi, parfois, des revendications visant juste, des indignations sensées. Hors celles-ci, le contenu du blog serait à se taper le cul par terre si la rare intolérance dont certains billets témoignent ne finissait pas par faire froid dans le dos.

Soit. Aujourd'hui, Olyme a donc décerné l'Epididyme d'or de novembre 2011. J'en cite sa définition :
"(...)l'épididyme est "une partie du système reproducteur de l'homme. C'est un petit organe accolé au testicule contenant un tube glandulaire pelotonné transportant les spermatozoïdes" . Le prix est décerné chaque mois à un média ou une manifestation ayant dépassé le taux admissible de testostérone."

Fort bien. Qui plus est, le nom du machin est quand même plutôt rigolo. Sauf que. Ce mois-ci, le trophé somme toute peu enviable est attribué à la Force Ouvrière et sa revue Forum pour un numéro dont la une pose cette question : "Où va le service public ?". Or, tous les articles du numéro sur ce thème sont signés par des intellectuels. Un L, pas de E avant le S. Voilà, que des hommes. Indignation vertueuse de notre demeure des Dieux, et interrogation de sa part : "Je me demande comment une organisation qui s'interroge  aussi peu sur ses propres pratiques peut  ensuite aller négocier l'égalité hommes/femmes dans les entreprises.". Conclusion immédiate : "ça doit expliquer aussi en partie pourquoi ça avance si peu.".

Sur cette conclusion, il n'y a rien à répondre. Rien ne prouve ce lien de cause à effet, rien ne l'infirme. Faute de preuve, on mange des mots.

Concernant ce line-up exclusivement masculin, que dire ? Qu'il existe des intellectuelLES à même de répondre à la question posée, ayant l'autorité intellectuelle et l'expertise pour le faire, et pour le faire bien, c'est une certitude.Qu'il y en ai d'aussi médiatiques que leurs homologues masculins, je n'en sais rien. Le seul que je "connaisse" (à part Alain Rey, uniquement connu de nom), que j'ai (un peu) lu, c'est Emmanuel Todd, qui jouit tout de même d'une certaine renommée médiatique, et d'une compétence assez reconnue, en dépit des controverses autours de certains de ses écrits. M'enfin, la renommée n'est pas toujours gage de qualité. Peut-être est-ce aussi un simple hasard.  Enfin bref, toute la team est masculine, à tort ou a raison.

Deux choses inquiètent dans ce billet.D'abord que le "jury" ayant attribué ce prix puisse se poser la question "comment une organisation qui s'interroge  aussi peu sur ses propres pratiques peut  ensuite aller négocier l'égalité hommes/femmes dans les entreprises". D'une part, rien ne dit que FO ne s'interroge pas sur ses "pratiques". Surtout, que l'on se pose sérieusement la question témoigne d'une rare étroitesse d'esprit, étroitesse que l'on projette également sur tout le monde. Madame Olympe, pensez-vous qu'il faille avoir la peau noire ou brune aujourd'hui en France pour refuser le racisme ? Ne peut-on trouver que "le viol, c'est mal" (excusez-moi) que lorsque l'on a été soi-même victime d'une agression sexuelle ? Faut-il forcément être soi-même smicard pour vouloir une meilleure (re)distribution des richesses dans notre société ? Avoir purgé 15 ans dans 10 m2 avec cinq co-détenus pour réclamer des conditions d'incarcérations décentes ? Ou bien, comme vous semblez le penser, nos actions (syndicales, en l'occurence), ne sont-elles dictées que par nos intérêts particuliers, ceux de notre couleur de peau, de notre classe sociale, ceux de notre sexe,... ? (Si tant est, sur ce dernier point, que les hommes trouvent un intérêt REEL, ce dont je doute, à opprimer/évincer en permanence les femmes).


Le seconde mention effarante que contient le billet est dans la raison même d'attribution de la "récompense" que constitue l'Epididyme d'or. Rappel : "Le prix est décerné chaque mois à un média ou une manifestation ayant dépassé le taux admissible de testostérone." 

Admissible. Je répète : ad-mi-ssi-ble. Sans précision de qui, ici, admet (c'est-à-dire permet, autorise) ce "taux", qui le fixe. Qui en définit la norme. Encore qu'ici, au vu du ton du blog, on imagine que ce taux de testostérone ne saurait dépasser les 50% grand maximum. Cet admissible fait froid dans le dos, car il sous-entend, voir qu'il assène avec autorité que le 100% homme, c'est, où que ce soit, l'ennemi, l'horreur à combattre, l'expression de l'oppression machiste, de la "domination masculine", pour reprendre le titre d'un film rigolo et/ou effrayant selon l'oeil avec lequel on le regarde.

Chère Olympe, le club sportif que je fréquente à 60% féminin, la formation musicale où je me suis engagé l'est à plus de 80%. J'ai plusieurs cercles d'ami(e)s, constitués au hasard de mon parcours et de mes études. Certains de ces cercles sont exclusivements masculins, d'autres quasi-totalement féminins. J'ai séjourné dans un hôpital allemand où toutes les infirmières étaient des femmes, tous les brancardiers des hommes. Dans ces quatre exemple, comme partout ailleurs, l'inverse ne m'aurait fait et ne me fait aucun effet. En dépit de la vogue actuelle des théories du genre, je vois encore mes ami(e)s, collègues et connaissances, chaque rencontre en fait,  de façon "genrée", c'est-à-dire en tant qu'homme ou femme. Cela n'a aucune incidences sur les qualités que je leur prête. Apparemment, chère Olympe, ce n'est pas le cas pour vous. Permettez-moi de le regretter.

"Et, pour ce qui est du reste, comme dit Lebrac, un de mes héros, je m'en fous".




NB : Signalons que lors de la fameuse table ronde Brel-Brassens-Ferré, les quatre (bah oui, B-B-F et l'animateur en sus) participants étaient des hommes. Belle exemple de l'oppression machiste qui sévit dans le monde de la chanson comme ailleurs.

4 commentaires:

Berenice a dit…

Pour remédier à votre inculture, l'olympe ne fait sans doute pas référence à la demeure des Dieux grecs, mais à Olympe de Gouges grande féministe devant l'éternel qui a fini décapitée... De plus, bien que la "domination masculine" soit le titre d'un film, s'est en hommage au titre d'un livre, de Pierre Bourdieu, mais peut-être ignorez-vous de qui il s'agit? Vu la nullité de votre niveau d'analyse, je le crains fort.
Bonne continuation, vous devriez lire un peu, ça ne vous ferait pas de mal...

B. a dit…

Chère Bérénice,

Merci pour vos précieuses indications. Si je connaissais de nom le livre de Pierre Bourdieu (pas encore lu, j'ai des Simenon et pas mal d'autres titres sur ma liste de lecture avant d'y arriver), je n'avais pas fait le lien avec le film. Merci de me l'avoir indiqué. Pour ce qui est d'Olympe de Gouges, je connaissais le personnage, et j'avais fait le lien. Mais que voulez-vous, écrire "la décapitée" pour remplacer le prénom "Olympe", ça manque d'élégance, alors que "la demeure des Dieux", c'est quand même plus classe.

Merci d'avoir enrichi ma culture, et de valider mes analyses, en les trouvant nulles, certes, mais sans y a voir semble-t-il trouvé quoi que ce soit à y redire. ;-)

Berenice a dit…

Mon cher ami, je n'ai pas de temps à perdre à essayer de vous convaincre, j'ai bien trop de travail pour me pencher sur votre cas. De plus comme justement je trouve votre argumentaire particulièrement faible, je considère que les gens avec un minimum de sens critique n'auront pas besoin de moi pour se faire une idée ^^
Je peux au moins vous reconnaitre votre fair-play ;)

B. a dit…

Toujours un peu faiblard, mais ça a le mérite de l'honnêteté ;-)