26 août 2011

Juillet fut chaud, juillet fut chaud

Je ne le découvre que maintenant, mais un billet de Koz encore relativement récent mentionnait qu'une partie de la droite identitaire-rigolote complotait ignoblement afin de salir notre beau 14 juillet national à grands renforts de cochonailles et franches lippées. Bouh. Ce n'est pas bien.

Première constatation, ce 14 juillet 2011 aura été le théâtre de franches rigolades, Eva Joly déconnant sans complexe dans l'anti-bellicisme incomprenant et nos petits, nos infimes droitards récidivant dans le banquet xénophobe. Bon. Je ne regarde que très rarement le défilé du 14 juillet, mais, pas plus belliciste qu'un autre, et plutôt moins que le supporter de foot lambda, j'ai sur les bords la mystique de l'armée, d'abord parce que j'ai celle de la nation, ensuite parce qu'ayant croisé pas mal de militaires dans ma courte carrière, je peux attester qu'on en trouve des franchement bien, si, si. Qui plus est, l'armée française est sans doute l'une de nos dernières institutions où l'ascenseur social fonctionne à peu près, et où la méritocratie, peut-être limitée, mais réelle cependant, n'est pas une vue de l'esprit. Et ce sans discrimination positive aucune, ce qui est signe de santé intellectuelle.

De même, je me vois mal dauber sur le menu du susdit gueuleton. Du sain, du simple, de l'anti-diététique, ces gens là, à défaut de celui du symbole, ont le sens de la bectance. Qui plus est, ayant un certain fond cocardier, je rend toujours grâce au ciel d'avoir dôté la France, en même temps que d'une certaine grandeur dans la saloperie comme dans les hauts faits, d'une gastronomie tour à tour gouleyante et raffinée, une cuisine de gens qui savent vivre, ou du moins qui essaient de savoir vivre, ce que les peuples anglo-saxons n'ont toujours pas élaboré. Je carricature (la cuisine étatsuniennes a quand même un certain charme), mais tout de même. Certes, je vendrais mon âme pour goûter plus souvent aux cuisines libannaise et syrienne, m'enfin une pièce de boeuf aux échalottes confites au pinot noir, entre autres et au hasard,  ça vous a quand même de la gueule. Puis j'ai des racines alsaciennes et champenoises, alors forcément.

Pinard-saucisson au 14 juillet donc, aussitôt montage aux créneaux, anti-racisme, no passaran, c'est la République qu'on insulte, touche pas à mon pote, salope pas mon char Leclerc. Nobles idéaux. Néanmoins, je ne pense pas que les indignés aient vu l'aspect plaisant de cette affaire, et ce qu'il comporte d'infiniment rassurant quant à l'état du ventre fécond de l'hydre racisticule en notre beau pays. Sans doute les idiots ripailleurs ne s'en rendent-ils même pas compte, mais il y a quelque chose d'infiniment dérisoire à confier la défense de "l'identité nationale" à deux produits de nos terroirs, certes sympathiques, voir même noble pour le jaja (enfin, certains jajas, les buveurs de beaujolais nouveau me comprennent), m'enfin pas non plus glorieux, en tout cas vachement moins qu'un buste de femme avec un bonnet phrygien, un drapeau bariolé, un hymne pompier ou un général genre vieux chêne. Ici, c'est Jeanne d'Arc qu'on saucissonne, Vercingétorix qu'on tète. Le boire et le manger comme dernier rempart, comme seule identité, ça fait tout de même léger.
Il en est de certains idéaux musclés comme de certains régimes politiques burnés, il faut toujours qu'ils s'empressent de révéler leurs faiblesses par des manifestations qu'ils rêvent triomphales, ou du moins vivifiantes, voir insolentes dans le cas présent, et qui ne font que dévoiler leurs considérables failles.

Ainsi, les vidéos des autodafés nazis m'ont toujours fait considérablement rigoler. Il faut revoir ces démonstrations de force de milliers de talons claquants de bottes en cuir lustrées, ces uniformes impeccables, ces regards d'acier, défilant sans faillir pour hurler en silence leur peur de quelques centaines de pages de papier en reliures fragiles. On est forts, on est durs, on est purs, et on a raison, mais, pitié, éloignez de nous ces feuillets, ça pourrait ébranler des certitudes, les notres comme ceux d'autres innocents, tout ça par la faute d'auteurs au nez bizarre et aux doigts crochus, ou d'écrivaillons qui, sortis des tranchés de 14-18, trouvent que la guerre, c'est pas bien. Arrière, mous du slips, nous vaincrons, mais, s'il vous plaît, le plus loin possible de vos écrits maigrelets en face de nos tanks.

Avec moins d'envergure, et débraillés sans uniformes, nos radoteurs gastronomes tentent vaille que vaille de mettre en croix leur bouteilles de chardonnay et leur Cochonou, comme autant d'exorcistes heureux qui sont nés quelque part. Arrière, Ben Laden, salafistes et prieurs de tapis, Justin Bridoux et le Vieux Papes nous protègent tels Saint Michel archange de l'islamisation, de l'immigration, de l'arabisation et j'en passe. Hop,  Mahommet, DTC.

Malgré cela, il n'est même pas sûr que d'odieux immigrés mahommétants n'aient pas infiltré l'apéro du 14/07/2011. J'ai vu des musulmans marocains, et pas des jeunots, picoler sympathiquement, des Albanais y aller franco de boutanche, un libanais au palais distingué question vin. Les bicots se croient tout permis, que voulez-vous.

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